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Inès Leonarduzzi

- L'écologie version digitale

« Il y a un vrai éveil de la jeunesse, qui montre qu'on ne va plus faire semblant »

Inès Leonarduzzi, 31 ans, est la fondatrice de l’ONG Digital For The Planet. Avec son équipe, elle lutte contre la pollution numérique et accompagne les villes et les entreprises dans leur consommation bas carbone. Elle a aussi fondé The WIT, une communauté de femmes présente à Paris et à New York.

Tu as fondé l’ONG Digital for the Planet en 2017, pour lutter contre la pollution numérique. Peux-tu nous expliquer en quoi consiste ce type de pollution ?
La pollution numérique, c'est l’impact carbone qu’on génère avec nos usages numériques au quotidien, en envoyant des mails, en ouvrant des applications, en surfant sur le web entre autres… Toutes ces activités polluent. C’est une pollution inodore, incolore, qui ne fait pas de bruit, mais qui exploite massivement nos ressources naturelles et nos énergies fossiles. Par exemple, quand on envoie un mail avec une pièce jointe, c’est comme si on laissait une ampoule allumée pendant 1h. Aujourd’hui, le numérique représente 16 % de la consommation électrique finale dans le monde.

Comment vous procédez chez Digital For The Planet pour éveiller les consciences à ce sujet ?
Digital For The Planet est une entreprise, une ONG et un mouvement. Notre mission est d’offrir des solutions intelligentes en ce qui concerne le numérique, en pensant développement durable et inclusion sociale. On travaille aussi bien avec des chercheurs de Princeton que des réfugiés syriens formés au code pour accompagner les entreprises et les villes. Ça passe par l’optimisation de leurs coûts énergétiques, mais aussi des stratégies de compensation pour amoindrir leur impact sur l’environnement.

Un projet en particulier dont tu pourrais nous parler ?
En ce moment, on travaille sur Plana, un assistant vocal intelligent, une sorte de Siri écologique si vous préférez, qui donne des conseils pour réduire le coût carbone de tous nos usages numériques. C’est une solution gratuite pour les citoyens qui sera aussi proposée aux entreprises sous forme de service courant 2019. Par exemple, Plana pourra vous dire : « Bonjour, j’ai réalisé que vous ne lisiez jamais vos emails entre minuit et 7h du matin. Pendant ce temps, votre boîte mail continue d’envoyer des requêtes serveurs et donc de dépenser de l’énergie. Voulez-vous stopper cette activité entre ces horaires et la réactiver à 7h afin d’économiser tant d’énergie ? » Après, la personne est tout à fait libre de décider si elle veut appliquer le conseil ou non. C’est de l’éco-bienveillance et non de l’éco-responsabilité.

Peux-tu nous donner des conseils pour réduire notre empreinte carbone à échelle individuelle ?
Ne pas laisser son téléphone charger toute la nuit ! Un smartphone n’a besoin que d’1h30-2h pour être chargé à 100 %. Imaginez l’économie d’énergie qu’on ferait si toute la population de Paris ne chargeait son téléphone que pendant 1h30 au lieu des 7h habituelles. Vous pouvez également utiliser des moteurs de recherches comme Lilo ou Ecosia, qui sont des alternatives écologiques à Google.

On entend souvent dire que notre génération est naturellement intéressée par les questions d’écologie et d’éthique. Est-ce que c’est quelque chose que tu constates au quotidien ?
Quand on a commencé à parler de pollution numérique, on a d’abord fait nos conférences dans des entreprises, avec des publics adultes. Beaucoup se sont intéressés au sujet, mais de manière plutôt passive. Ensuite, nous avons donné des conférences dans des écoles. On a réalisé que les enfants avaient naturellement adopté des démarches écologiques. Je suis intimement convaincue que les jeunes générations sont plus sensibles aux enjeux écologiques. Regardez par exemple le manifeste signé par des milliers d’étudiants de Polytechnique, HEC, etc., qui indique qu’ils refusent de travailler pour des entreprises qui ne sont pas concernées par le changement climatique. Il y a un vrai éveil de la jeunesse, qui montre qu’on ne va plus faire semblant, on ne va plus se dire que de toute façon c’est trop tard. Tout ça n’est pas une mode, c’est caractéristique, fondamentalement, des nouvelles générations.

Si tu pouvais donner un conseil à celle que tu étais à 18 ans, ce serait quoi ?
De ne surtout pas avoir peur, ou alors de sourire à ma propre peur. De ne pas écouter les personnes qui te disent que tu es trop différente.

Selon toi, la chance, c’est plutôt quelque chose qui se crée ou quelque chose qui te tombe dessus sans prévenir ?
Pour moi, la chance est une compétence. C’est quelque chose qui se travaille. Il s’agit de réunir les bons facteurs qui font que tu es là au bon moment et au bon endroit. Pour ça, il faut de la curiosité : s’intéresser aux sujets connexes, rencontrer des gens. C’est un état d’esprit.

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