New Faces

Yseult

- La féminité réinventée

« J’aimerais proposer quelque chose de plus vrai dans la musique en France, qui prenne plus de place »

Yseult, 24 ans, est autrice-compositrice-productrice, mannequin et Instagrameuse engagée. Elle travaille depuis 4 ans sur son nouvel album auto-produit, avec lequel elle compte bien casser les codes de la pop.

Tu dis souvent que tu veux casser les codes de la pop. Ça veut dire quoi, pour toi ?
Ça veut dire proposer autre chose aux gens. Avec mon physique, mais aussi ma personnalité. En Angleterre, il y a beaucoup d’artistes auxquels je peux m’identifier. En France, pas du tout. Ni physiquement, ni au niveau de l’attitude. J’aimerais amener un vent de fraîcheur dans la musique en France, quelque chose de plus vrai, qui prenne plus de place.

C’est donc spécifique à la France, ce besoin de casser les codes ?
Oui. Dans la mode, au Royaume-Uni, c'est déjà beaucoup plus ouvert. Aux États-Unis, aussi. Par exemple, sur une même radio, tu peux écouter de la country, puis du Kendrick Lamar, puis du Taylor Swift. En France, chaque radio a un style de musique. Quand tu composes ta musique, il faut que tu aies un certain son qui corresponde à un certain média. Moi j’ai décidé de faire ma musique comme je l’entendais, et tant pis si elle n'entre dans aucune case. 

Parle-nous de ton album. Qu’est-ce qu’il raconte ?
Déjà, j’en suis la productrice. Je viens tout juste de créer mon label. Ça va faire 4 ans que je bosse sur cet album, 7 jours sur 7. La grosse différence avec mon premier album, c’est ce que j’y raconte mon histoire. C’est un projet très personnel, très clivant aussi. Il n’y a aucun faux-semblant. Je ne fais pas semblant d’être quelqu’un d’autre. Il n’y a pas de major derrière, qui me dit quoi faire et quoi dire. C’est très important pour moi.

Les codes, ce n’est pas uniquement une histoire de corps ou de couleur de peau. Ça concerne aussi la manière dont on parle de soi et dont on se met en scène sur Instagram. Toi tu te montres complètement sans filtre sur les réseaux sociaux.
C’est vrai. On aime ou on aime pas. J’ai choisi un métier artistique, c’est hyper compliqué, on n’a pas de CDI, pas de salaire fixe… Donc je veux bien faire la re-sta pour faire plaisir aux gens mais je ne veux pas leur mentir non plus. Je veux juste faire ma musique et montrer la réalité des choses. Des fois, je galère, comme tout le monde. Ma mission, c’est d’être vraie et de ne pas mentir aux gens. Et si ça ne plaît pas, tant pis. En France, il n’y a pas assez de personnalités qui se montrent vraiment telles qu’elles sont.

Tu as lancé un compte Instagram pour dénoncer le harcèlement de rue et les agressions sexuelles. Ce sont des sujets qui ont toujours compté pour toi ?
J’ai créé ce compte après le bad buzz du pasteur qui avait peloté Ariana Grande. Ça m’avait rendue malade. Je me suis demandé ce que je pouvais faire pour aider les gens à mon échelle. L’idée de @metouchap, c’est de montrer que tout le monde peut en être victime, même les mecs. Je reçois beaucoup de témoignages, et je les poste si les gens le souhaitent.

Selon toi, la chance, c’est plutôt quelque chose qui se crée ou quelque chose qui te tombe dessus sans prévenir ?
Le talent, ça se travaille. La chance, par contre, je pense que ça tombe sur certaines personnes. Et pour le coup, elle m'évite bien comme il faut ! Parfois, c’est énervant. Quand tout le monde te répète que tu es super talentueuse, belle, etc., t’as envie de répondre, ben alors pourquoi je suis pas encore disque d’or ? 

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