New Faces

Pour briser les tabous et normaliser les règles, Caroline Briant lance Moodz, la première marque de mode de culottes de règles.

Tu es en train de lancer une marque de culottes de règles, Moodz. Tu nous expliques ?
Moodz, c’est assez simple, c’est le Princesse Tam.Tam de la culotte de règles. Ce sont de jolies culottes du quotidien qui, grâce à une partie technique, absorbent jusqu’à l’équivalent de 3 tampons. Elles sont lavables en machine et durent entre 3 et 5 ans.

Comment as-tu eu envie de créer cette marque ?
Tout a commencé au moment du scandale sur la composition des tampons. Comme beaucoup de femmes, je me suis dit “Comment on a pu laisser faire ça ?” J’ai interrogé des milliers de femmes sur leur rapport à leurs règles. De mon côté, j’ai commencé à chercher des nouvelles protections hygiéniques. Du bio, du lavable…  À cette époque, il n’y avait pas de culottes de règles en France. Quand j’ai finalement testé, ça a été une grande révélation. C’est hyper écologique, sain et confortable. Je me suis dit qu’il fallait en faire profiter le plus de femmes possible.

C’est donc plutôt envie de briser un tabou que de créer une marque de mode ?
L’aspect mode est vraiment venu après. Moi, je voulais essayer de normaliser les règles, leur rendre leur aspect quotidien. J’avais vu une étude qui disait qu’une femme sur 2 avait honte d’acheter des protections hygiéniques. C’est pareil avec les culottes qu’on porte pendant nos règles, dont on n'est jamais vraiment fières, qu'on laisse au fond du placard. Je voulais donner envie d’assumer d’avoir ses règles.

Comment ça marche ces culottes ? Ça remplace vraiment un tampon ?
C’est hyper simple : c’est du coton, ensuite il y a un absorbant, en bambou ou en eucalyptus, qui absorbe l’équivalent de 3 ou 4 tampons, et après il y a une membrane imperméable qui retient le sang, pour qu’il n’y ait pas de fuite. Tous mes tissus sont certifiés OEKO-TEX. Comme une culotte classique, il n’y a aucun risque pour la santé. Et toutes les culottes Moodz seront “grand flux”, pour que les femmes n’aient pas à choisir en fonction de leur flux mais du modèle qu’elles préfèrent.

Au final, quelle est la mission de Moodz ?
C’est une marque qui a été fondée à la fois pour les femmes et pour l’environnement. La première mission, c’est de permettre aux femmes de mieux vivre leurs règles, de ré-apprendre à connaître leur corps. Après, sur l’environnement, l’idée est d’avoir une consommation plus responsable. En moyenne, une femme utilise 11 000 protections hygiéniques sur l’ensemble de sa vie. C’est 11 000 déchets jetés. Quand on le met à l’échelle de 1000 femmes, ça fait 11 millions. Ce sont des montants colossaux.

Concrètement, ça passe par quoi, briser le tabou autour des règles ?
Il faut prendre la parole, tout simplement. En parler aux ados qui commencent à avoir leurs règles. Ne pas avoir peur de mettre des mots sur les choses, de parler de vulve, de vagin, de règles, de flux. Aujourd’hui ce sont encore des gros mots. Il faut aussi redéfinir tout l’univers autour des règles. Quand on va au supermarché, les protections hygiéniques sont tout au fond, soit hyper voyantes soit moches. Tout est fait pour que les femmes ne se sentent pas à l’aise avec leurs règles. D’où l’idée de créer des produits qu’on n’aurait plus honte de montrer.

Quel conseil tu donnerais à une jeune femme qui veut lancer son business ?
Je crois qu’il faut juste y aller. Aujourd’hui, il y a un grand discours sur la légitimité des femmes en entrepreneuriat et je pense que cette légitimité, on l'acquiert par le travail. 

Quelles sont les figures de notre génération qui font bouger les lignes ?
Je pense tout de suite à Houda Benyamina et toute la clique de Divines. Ce film a été une grande claque. Je suis allée le voir 5 fois au ciné. Le cinéma, comme les médias, fait partie de ces éléments qui construisent les récits qu’on va s’approprier. Ça crée du débat, ça fait bouger les lignes.

Pour en découvrir plus sur son projet c'est par ici.